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32 LE RÉVIZOR

Le garçon. — Dieu soit loué !...

Khlestakof. — Quoi de nouveau dans votre hôtel... tout marche bien?

Le garçon. — Certes, oui, Dieu soit loué...

Khlestakof. — Beaucoup de clients?

Le garçon. — Oui.

Khlestakof. — Dis-moi, mon petit... on ne m'a pas encore apporté le dîner... alors... veux-tu dire en bas qu'on se dépêche... tu comprends... J'ai à faire ce soir...

Le garçon. — Mais c'est que le patron a dit qu'il ne vous laisserait plus sortir... Il voulait aller se plaindre au préfet, tout à l'heure...

Khlestakof. — Pourquoi se plaindre? Réfléchis toi-même, mon petit... j'ai besoin de manger... sinon... je pourrais maigrir... J'ai très, très faim, je ne plai- sante pas...

Le garçon. — Je n'en doute pas. Mais le patron a crié : « Pas de dîner tant qu'il ne m'aura pas payé. » Il l'a dit, rien à faire...

Khlestakof. — Va... raisonne-le... tu dois le convaincre...

Le garçon. — Mais que puis-je lui dire?

Khlestakof. — Explique-lui sérieusement que j'ai faim et que j'ai besoin de manger... L'argent?... c'est évident, je paierai... Il croit, le moujik, que s'il lui importe peu de ne rien manger un jour... tous sont comme lui !... Quel naïf !

Le garçon. — Enfin... J'essaierai...

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