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LE RÉVIZOR 35

Le garçon. — C'est pour des clients plus chics...

Khlestakof. — Imbécile !

Le garçon. — C'est comme ça.

Khlestakof. — Sale bête, va!... Pourquoi diable ne mangerais- je pas comme eux?... Ce sont des voya- geurs comme moi?

Le garçon. — Pas comme vous du tout !

Khlestakof. — Et pourquoi?

Le garçon. — Bien... ils sont comme les autres... ils payent !

Khlestakof. — Ce n'est pas à moi à discuter avec toi, imbécile ! (Il prend la soupe et la mange.) En voilà une soupe ! Mais c'est de l'eau... pas de goût et cela sent mauvais... Je n'en veux pas de cette soupe... monte-moi une autre...

Le garçon. — Comme vous voulez... Le patron a dit : « S'il n'en veut pas, tant pis ! »

Khlestakof (repoussant la main du garçon). — Allez, allez... laisse, triple idiot !... Tu crois avoir affaire à d'autres... cela ne prend guère avec moi... je te conseille de... (Il mange.) Dieu ! quelle soupe ! (Il vide son assiette.) Jamais personne aii monde n'a mangé pareille soupe... Ce n'est pas du beurre, ce sont des plumes qui nagent dessus... (Il découpe le poulet.) Ohé, ohé ! en voilà un poulet. Donne-moi le rôti.,. Il est resté encore un peu de soupe, prends-la Ossip. (Il découpe le rôti.) En voilà une viande ! mais ce n'est pas du rôti, ça !

Le garçon. — Et qu'est-ce que c'est?

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