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42 LE RÉVIZOR

rien à Petrograd... Il croit qu'il suffit de se montrer pour avoir la croix de Vladimir... J'aurais bien voulu l'y voir, lui!...

Le fréfet (à part). — Cristi ! il sait s'y prendre... Voilà son père, maintenant!... (A haute voix.) Vous êtes parti pour longtemps?

Khlestakof. — J'ignore. Mon père est bête, entêté, vieux et stupide comme une bûche... Je ne me gênerai pas pour lui dire : Tout ce que vous voulez... mais je ne puis me passer de Petrograd ! Pourquoi diable gâcherais- je ma vie à vivre avec des moujiks? Nous avons d'autres besoins aujour- d'hui... Mon âme a des aspirations...

Le préfet (à part). — Admirablement combiné !... Et il ment, il ment !... sans se contredire un instant... Un homme si petit, si insignifiant en apparence, que j'écraserais presque sans le toucher, il me semble... Attends un peu... je t'obligerai bien à révéler. (A haute voix.) Vous l'avez dit très justement... Rien à faire dans un petit trou... Tenez, ici, je ne ferme pas l'œil, toute la nuit je me demande comment mieux servir ma patrie, comment me dépenser davantage... et quant à être récompensé, je n'ose trop y compter... (Il examine la chambre.) Cette pièce me paraît un peu humide.

Khlestakof. — Abominable ! Et des puces comme je n'en vis nulle part ! Elles mordent comme des chiens...

Le préfet. — Vraiment non !... un homme comme vous... souffrir !... à cause de?... Cela ne doit pas être... à cause de misérables petites puces qui n'auraient jamais dû voir le jour !... Et il fait bien sombre ici L,

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