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60 LE RÉVIZOR

cher, mais nous t'avons réellement pris pour le général. »

Anna Andreevna. — Vraiment !

Khlestakof. — Je connais de jolies petites actrices. Quelques aventures même... Je fréquente des litté- rateurs... suis au mieux avec Pouchkine. Il m'arrive de lui dire : « Eh bien, frère Pouchkine. » Et lui de me répondre : « Mais oui, frère, ainsi va le monde... » C'est un grand original.

Anna Andreevna. — Alors, vous écrivez aussi... Comme ce doit être agréable de créer... vous paraissez sans doute dans les revues !...

Khlestakof. — Certainement... J'ai beaucoup écrit... Le Mariage de Figaro, Robert le Diable, Norina... J'oublie les titres... Le hasard me fut propice... je ne voulais pas écrire... mais le directeur d'un théâtre me déclara un jour : « Mon cher, tu vas nous donner quelque chose.. » Soit ! lui dis-je. Et, en une seule soirée, je crois, j'ai tout écrit; ce fut une stupéfaction générale... j'ai une extraordinaire net- teté d'esprit. Tout ce qui a été signé baron Bram- béousse, Frégate Nadejda et le Télégraphe de Moscou, tout est de moi.

Anna Andreevna. — Alors, c'était vous Bram- béousse?

Khlestakof. — Naturellement... Je leur corrige à tous leurs articles... Smirdine me donne pour cela quarante mille...

Anna Andreevna. — Mais alors... Iouri Miles- lavski est aussi votre œuvre?

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