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LE RÉVIZOR 69

Le préfet. — Assez, voyons, laissez-moi... (A Ossip.) Dis-moi, je t'en prie... Qu'est-ce qui attire le plus l'attention... enfin, je veux dire... Qu'est-ce qui lui fait le plus de plaisir quand il voyage?

Ossip. — Cela dépend des cas... il aime surtout qu'on l'accueille bien, que la nourriture soit extra...

Le préfet. — Extra?

Ossip. — Extra. Moi-même qui ne suis qu'un serf... eh bien... il exige que je sois bien servi aussi ! Je vous le jure... Ainsi, une fois, il me demande : « Alors, Ossip, tu as bien dîné? — Mal, Votre Excellence. — L'homme doit mal gérer sa maison ; rappelle -le-moi dès que nous serons rentrés. » — Ah ! que je me dis à moi-même (il fait un geste), tant pis, je suis un homme simple.

Le préfet. — Fort bien, fort bien, voilà qui est parler. Tiens, je t'ai déjà donné pour le thé, voici encore pour des gâteaux.

Ossip. — Vous êtes trop bon, monsieur. (Il met l'argent dans sa -poche.) Je boirai à votre santé.

Anna Andreevna. — Viens me voir, Ossip, je t'en donnerai aussi.

Maria Antonovna. — Ossip, mon cher, embrasse ton maître.

(On entend le révizor tousser dans l'autre chambre.)

Le préfet. — Tch... (Il se lève sur la pointe des pieds; toute la fin de la scène à voix basse.) Seigneui ! Pas de bruit... Allez, en voilà assez !

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