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LE RÉVIZOR 8l

Artemi Philippovitch. — J'ai eu l'honneur de vous accompagner dans votre visite aux établisse- ments des oeuvres de biemaisance qui me sont con- fiés.

Khlestakof. — Je me souviens. Votre déjeuner était excellent.

Artemi Philippovitch. — Je suis heureux de bien servir la patrie.

Khlestakof. — Je vous avouerai que la cuisine est mon point faible... Mais, dites-moi, il me semble que vous étiez plus petit de taille hier, n'est-il pas vrai?

Artemi Philippovitch. — C'est très possible. (Après un silence.) Je puis vous affirmer que je n'épargne pas mes forces et que je fais mon service avec zèle. (Il se rapproche de Khlestakof et continue à voix basse.) Le directeur des postes ne fiche absolu- ment rien... toutes les affaires sont en souffrance, les envois ont des retards... examinez vous-même. Le juge que vous venez de voir ne fait que chasser le lapin... il a des chiens dans son bureau et quant à sa conduite... j'ose vous le dire pour le bien de notre patrie... malgré qu'il me soit parent et ami... sa con- duite est condamnable... Dobtchineski, un proprié- taire d'ici, il vous a été présenté... eh bien ! dès qu'il quitte sa maison, le ]uge est là, près de sa femme... je le jure... Et regardez les enfants... pas un ne res- semble à Dobtchineski... tous, même la fillette, sont le portrait craché de Liapkine-Tiapkine.

Khlestakof. — Vraiment... je ne l'aurais jamais cru...

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