Page:Gogol - Nouvelles choisies Hachette - Viardot, 1853.djvu/28

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rante-deux ans. C’est le temps, à vrai dire, où le service ne fait que commencer. Attends, mon ami, je deviendrai colonel, et peut-être, si Dieu le permet, quelque chose de mieux. Nous nous ferons une réputation encore plus propre que la tienne. Tu t’es mis dans la tête qu’excepté toi, il n’y a pas un homme comme il faut. Eh bien ! donne-moi un frac de Routch[1] et une cravate comme celles que tu portes ; tu ne seras pas bon à me servir de semelle. Mais je n’ai pas d’argent, voilà le malheur.


8 novembre.

J’ai été au théâtre. On y donnait le Filatka[2]. J’ai beaucoup ri. On jouait aussi un vaudeville avec des couplets très-drôles sur les procureurs, et principalement sur un régistrateur de collége[3], des couplets très-librement écrits, de sorte que je m’étonnais que la censure les eût laissés passer. Quant aux marchands, il est dit tout bonnement qu’ils trompent le public, et que leurs fils sont des débauchés qui veulent devenir gentilshommes. Il se trouve aussi un couplet très-drôle à propos des journalistes. On y dit qu’ils aiment à tout critiquer,

  1. Célèbre tailleur d’il y a dix ans.
  2. Personnage du sot qui a l’esprit de s’enrichir, et qui se moque à la fin de ceux qui d’abord s’étaient moqués de lui.
  3. Dernière classe du tchin.