Page:Gogol - Nouvelles choisies Hachette - Viardot, 1853.djvu/33

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sa petite corbeille dans un coin. — Mais voilà précisément ce qu’il me faut. — Je m’en approchai, je fouillai la paille, et, à mon plaisir inexprimable, j’y trouvai un paquet de petits morceaux de papier. Ce que voyant, la maudite petite bête commença par me mordre le gras de la jambe ; et puis, quand elle devina que j’avais pris ses papiers, elle se mit à gémir et à me faire des caresses. Mais je lui dis : — Non, mon petit pigeonneau, bonsoir, — et je m’enfuis. Je crois que la jeune fille me prit pour un fou, car elle avait l’air très-effrayée. En rentrant à la maison, j’avais l’intention de me mettre sur-le-champ à la besogne, attendu que je vois mal aux lumières. Mais Mavra s’était avisée de laver le plancher. Ces sottes Finnoises sont toujours propres juste quand il ne faudrait pas l’être. Je me mis donc à me promener en pensant à cet événement. Maintenant enfin je saurai toutes les affaires, toutes les pensées, tous les ressorts cachés, tout en un mot. Ces lettres vont tout me découvrir. Les chiens sont une gent spirituelle ; ils connaissent fort bien les rapports politiques, et je suis sûr qu’il y aura tout dans ces lettres, le portrait et les actions de cet homme. Il y aura bien aussi quelque chose de celle.... rien, rien, silence. Je retournai à la maison vers le soir, et la plus grande partie du temps je restai couché sur mon lit.