Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/154

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camotage au merveilleux, et faisant voir ce que les dix doigts de l’homme peuvent réaliser du miracle. Cet A… m’emmène ce soir chez lui, pour voir une table machinée pour ses trucs, sur ses indications. Une petite chambre, où il y a deux lits, tout encombrée de paquets vagues et couleur de misère, au milieu desquels reluisent les dorures de la table. Là-dedans une femme, Mme A…, me dit-il, une espèce de paysanne ; deux caniches crottés, ses aides en train de fouiller le dessous du lit ; et sur le marbre d’un chiffonnier, une pauvre colombe, habituée à être escamotée, immobile et qui semble de bois.

Et le gentilhomme disparaît… Je ne vois plus dans cet intérieur de bohème, dans cette chambre de faiseur de tours aux chiens savants de Stevens, que le campement d’un saltimbanque en chambre.

Dimanche 21 juillet. — Puissant, sur lequel nous sommes tombés ici, où il fait le Programme de Vichy, nous amène Vallès, débarqué ce matin du train de plaisir, en paletot d’hiver, gesticulant de la canne, parlant haut, et avec son accent bon garçon auvergnat, ayant l’air de crier : « Vallès est dans vos murs ! »

On improvise une partie de pêche. On part, la Madeleine, Burty, une chanteuse, la Gonetti, une fille toute ronde, qui a mis avec bonheur de gros souliers pour la partie de campagne. La partie ne sourit plus à Vallès, qui demande un endroit, où l’on puisse manger