Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/282

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crie dans la figure : Vive la République et à bas la Commune ! Et du balcon de Burty, j’entrevois une rixe, aux cris de : À mort ! une rixe d’où sort, énergique et menaçant, un homme en paletot, qui remonte le boulevard, défiant la colère des voyous, et se retournant pour lancer, tout haut, son mépris aux communards.

Mme Burty me confirme une débandade des gardes nationaux. Bracquemond aurait vu le matin, à l’ambulance, un blessé, qui, pendant tout le temps qu’on lui déboîtait l’épaule, murmurait mourant : « Les gardes nationaux y nous ont lâché… y nous ont lâché ! »

Mardi 18 avril. — À la place Vendôme, l’échafaud se dresse pour la démolition de la colonne. La place est le centre d’un hourvari terrible, et d’une fantasia de costumes impossibles. L’on y voit des gardes nationaux extraordinaires, un entre autres, qui semble un des nains de Vélasquez, affublé d’une capote civique, de dessous laquelle sortent des jambes torses de basset.

Toujours la foire du trottoir, où se mêlent aujourd’hui, les lilas aux herbages.

Sur le mur de Saint-Roch aux portes closes, une lettre de faire-part d’un décès est affichée, annonçant que le service ne pouvant avoir lieu à cause de la fermeture de l’église, se fera aux Petits-Pères.

Un signe du temps. Je vois un homme en coupé,