Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/357

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mercredi 18 juillet. — Il y a longtemps que je ne me suis mêlé, dans un lieu public, à l’humanité parisienne. Ce soir, au Cirque, je suis frappé de la physionomie de la jeunesse française, de son aspect concentré, triste, rogue. Il n’y a plus sur les jeunes figures, cet éveil, cet air un peu fou, un peu casseur, mais qui se faisait pardonner par l’inoffensivité, et comme par le restant d’une joyeuse et remuante enfance.

Mardi 24 juillet. — Un voisin de mon dîner de Brébant, un universitaire dont je ne peux jamais me rappeler le nom, me disait qu’en Nubie, on pratique, une opération, retranchant à la femme, les organes de la jouissance, et que grâce au bienfait de cette opération, une prostituée pouvait se livrer à son métier, sans aucune fatigue, et conservait ainsi très longtemps, dans leur fraîcheur, les charmes de sa jeunesse.

Vendredi 27 juillet. — Ce jour, j’étais convoqué à la mairie du huitième arrondissement, pour le mariage de Mlle Madeleine Burty. Je me trouvais être témoin de ce mariage avec Gambetta.

La proclamation de l’union de l’homme et de la femme, dans ces endroits civils, ressemble vraiment