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qu’au moment, où s’il avait les mains libres, il pourrait toucher la porte, les battants s’ouvrent dans un coup de théâtre, et vous laissent voir soudainement, dans la clarté froide du matin, les deux montants de la guillotine, et les yeux grands ouverts de toutes ces têtes de regardeurs, le spectacle a quelque chose d’inexprimable.

Mardi 25 février. — Arrivé de bonne heure aux Menus-Plaisirs, j’assiste à la pose du premier décor, où machinistes et pompiers mêlés, s’amusent à faire du trapèze, et à soulever les haltères des Frères Zemganno.

Un premier acte, où l’on n’entend pas un mot, dans l’ouverture des portes, le remuement des petits bancs, le passage des abonnés, — tous des cabotins, — venant à la façon des dîneurs qui veulent être remarqués, venant en retard.

Un second acte très, très applaudi.

Un troisième plus froid, mais encore très applaudi avec de chaleureux rappels des acteurs.

Moi qui suis resté dans ma baignoire, sans me mêler à la salle, je crois à un succès. Arrivé dans les coulisses, je vois Méténier plus blême qu’à l’ordinaire, et Paul Alexis, affalé sur une rampe d’escalier, l’oreille tendue à la parole de sa femme, qui lui conte qu’un de ses confrères a passé la soirée à crier, que c’est un four. Enfin mes compliments à Antoine,