Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/232

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recommence. Non, les tableaux défilent, et pas un oh ! pas un mouvement de répulsion, pas un timide chuchotement, pas un sifflet. Des trois rappels à chaque acte. Il n’y a de désapprobateur dans la salle, que la grosse tête de Sarcey jouant l’ennui.

Du reste, sauf le tableau du bal, qui manque de cohésion, jamais Germinie Lacerteux n’a été jouée comme cela. Dumény est tout à fait entré dans la peau et la canaillerie de Jupillon. Mme Crosnier qui ne laisse plus tomber les pénultièmes de ses mots a apporté dans son rôle, une énergie, une verdeur, une puissance qu’elle n’avait pas encore déployées. Réjane a été admirable : elle a dit la scène de l’apport de l’argent comme la plus grande artiste dramatique, ainsi que l’aurait pu dire Rachel.

Lundi 23 mars. — Le raccrochage sur les quais l’hiver.

Une femme noire, immobilisée par le froid, sous un ciel, où la lune met un rayonnement blême dans le moutonnement des nuages couleur de suie, près de cette eau morne aux lueurs saumonées, trémolentes sur la fluctuation lente du fleuve, — près de cette eau de suicide, qui semble appeler à elle.

Mardi 24 mars. — C’est un épanouissement, une