Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/167

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découvert la dernière planète, à la chevelure qui pourrait servir d’enseigne à la pommade du Lion, un jeune homme bancroche, qui nous est présenté par Flammarion, comme l’humain de toute la terre ayant la vue la plus longue. Un monde un peu fantastique, dans un milieu légèrement magique, autour de cette lunette, qui a dedans des fils d’araignées, d’araignées qu’on fait jeûner, pour que leurs fils soient tout à fait ténus, et deviennent des diviseurs de riens indivisibles : lunette dont la gravitation fait comme le bruit d’une usine céleste.

Une déception. Je m’attendais à voir des étoiles comme des fonds d’assiette. On m’en fait voir une. J’ai oublié son nom. Elle m’apparaît seulement grande, comme une grosse émeraude d’un bijoutier, de la rue de la Paix.

Lundi 21 août. — La vieille Mme Clérambaud, la maîtresse de piano d’Edmée, qui a beaucoup vécu dans l’intimité de Rossini, nous apprend, ce matin, qu’il avait pris volontairement sa retraite, avant cinquante ans, disant, en faisant allusion aux opéras d’Halévy et de Meyerbeer : « Voilà l’invasion des Allemands ! »

Et après, elle nous conte cette escarmouche, entre Wagner et Rossini.

— Vous ne comprenez pas l’harmonie du silence ? disait Wagner.