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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

tenaient garnison dans les villes de l’intérieur et ne pouvaient plus inspirer à leurs chefs ces ambitieux égarements qui avaient produit tant d’usurpations et de crimes. D’ailleurs, marqués comme des forçats, jaloux uniquement des avantages accordés aux Palatins, garde particulière de l’Empereur, dégradés de toute façon, les soldats romains avaient perdu jusqu’au sentiment de la patrie.

Cette double hiérarchie, cette multitude de fonctionnaires subalternes augmentaient la pompe de la cour en épuisant l’État obligé de demander chaque jour davantage à l’impôt, tandis que la misère générale était telle qu’on renonçait à se donner une famille. La plus odieuse des impositions était l’impôt personnel, capitatio. Pour l’impôt foncier, la somme due par chaque province était déterminée d’après un cadastre révisé tous les quinze ans (Indictio). Établie peut-être en 312 par Constantin, cette période quindécennale est le Cycle des Indictions. Il y avait également la Capitatio plebeia que subissaient les artisans, les journaliers, les colons et les esclaves dont la taxe était payée par les maîtres. L’Aurum lustrale, la Lustralis collatio ou le Chrysargyre, étaient levés sur le commerce et l’industrie, avec une rigueur à laquelle les plus pauvres ne pouvaient se soustraire. Si l’on ajoute à ces impôts généraux les droits énormes sur les ventes aux enchères, les héritages, les affranchissements, les obligations vexatoires d’héberger les soldats et les magistrats en mission, d’entretenir les voies publiques, etc., on s’explique la guerre pleine de ruses et de violences que se faisaient les contribuables et les agents fiscaux. Les domaines de l’Empereur étaient naturellement exempts de toute taxe et l’Église avait obtenu le même privilége. Cette prérogative s’étendait d’ailleurs à la plupart des classes riches, de sorte que les charges budgétaires pesaient entièrement sur la bourgeoisie urbaine. Les corporations, formées depuis Alexandre Sévère par les artisans des villes, étaient devenues des prisons d’où le gouvernement leur défendait de sortir, afin de forcer les citoyens au travail et d’arrêter la