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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

més en toute hâte. Les Bulgares furent rejetés au delà du Danube (559). Le sauveur de l’Empire, dès que tout péril eut disparu, rentra dans la retraite. Deux ans après, il fut accusé d’avoir pris part à une conspiration contre la vie du souverain. Ses biens furent séquestrés et ses envieux triomphèrent. Il mourut au bout de huit mois. La fable éditée sur les infortunes de ce héros, devenu aveugle et mendiant, n’a d’autre fondement que le témoignage sans valeur d’un moine du XIIe siècle nommé Tzetzès.

Justinien mourut en 565, après un règne de trente-huit ans qui ne fut point exempt de calamités. Des tremblements de terre bouleversèrent l’Orient ; la peste fit de tels ravages que plus de quatre cent mille personnes périrent à Constantinople ; enfin la famine dépeupla des contrées entières. Quant à cet empereur, dont le nom est arrivé à la postérité, entouré d’un certain prestige, il ne fut ni bon, ni grand, ni honnête, ni juste. Tribonien présida à la confection de ses codes, Bélisaire et Narsès vainquirent pour lui. « La mauvaise conduite de Justinien, dit Montesquieu, ses profusions, ses vexations, ses rapines, sa fureur de bâtir, de changer, de réformer, son inconstance dans ses desseins, un règne dur et faible, devenu incommode par une longue vieillesse, furent des malheurs réels mêlés à des succès inutiles et à une vaine gloire. » Il s’intéressa aux jeux du cirque jusqu’à l’oubli de toute dignité, excitant entre les Bleus et les Verts des animosités qui aboutirent à la sédition Nika, dans laquelle périrent trente mille citoyens. Les mutins proclamèrent un neveu de l’empereur, nommé Hypatius. Le danger fut tel que Justinien ne dut son salut qu’à l’audace de sa femme et au dévouement de Bélisaire. Il accabla l’Empire d’impôts exorbitants, épuisant les masses d’or ainsi accumulées, soit en tributs aux Barbares, soit en édifices. C’est ainsi que fut élevée la basilique de Sainte-Sophie, aujourd’hui changée en mosquée.

L’œuvre de réforme législative confiée au questeur Tribonien, jurisconsulte d’une érudition égale à son impudente vénalité, se compose des quatre collections