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L’ESCLAVAGE DES NOIRS,

ZAMOR.

Hélas ! que pourras-tu lui dire ?

MIRZA.

Je lui ferai connoître la cruauté de ſon Commandeur & de ſon amour féroce.

ZAMOR.

Ta tendreſſe pour moi t’aveugle : tu veux t’accuſer pour me rendre innocent ! ſi tu dédaignes la vie à ce prix, m’en crois-tu aſſez avare pour vouloir la conſerver aux dépens de tes jours ? Non, ma chère Mirza, il n’y a point de bonheur pour moi ſur la terre, ſi je ne le partage avec toi.

MIRZA.

Je penſe de même, je ne pourrois plus vivre ſans te voir.

ZAMOR.

Qu’il nous auroit été doux de prolonger nos jours enſemble ! ces lieux me rappellent notre première entrevue. C’eſt ici que le tyran reçut la mort ; c’eſt ici qu’on va terminer notre carrière. La Nature ſemble en ces lieux être en contraſte avec elle-même. Jadis elle nous paroiſſoit riante : elle n’a rien perdu de ſes attraits ; mais elle nous montre à la fois l’image