Page:Gouges - L esclavage des noirs (1792).djvu/79

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
76
L’ESCLAVAGE DES NOIRS,

Scène VIII.


Les Précédens, M. DE SAINT-FRÉMONT, entrant d’un côté & Valère de l’autre. Deux Compagnies de Grenadiers & Soldats conduiſent pluſieurs Eſclaves enchaînés.
VALÈRE, à M. de Saint-Frémont.

AH ! Monſieur, écoutez nos prières : vous êtes François, vous ſerez juſte.

M. DE SAINT-FRÉMONT.

J’approuve votre zèle ; mais dans ce climat il devient indiſcret ; il a même produit beaucoup de mal. Je viens d’être témoin de l’attentat le plus affreux exercé ſur un Magiſtrat. Il a fallu, contre mon caractère, employer la violence pour arrêter la cruauté des eſclaves. Je ſais tout ce que vous devez à ces malheureux ; mais vous n’avez pas le droit de les défendre, ni de changer les loix & les mœurs d’un pays.

VALÈRE.

J’ai du moins le droit que la reconnoiſſance donne à toutes les belles ames : quelque ſoit votre ſévérité ſimulée, mon cœur en appelle au vôtre.