Page:Gouges - Sera-t-il roi (1791).djvu/7

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ne fera pas comme la Pologne, le gâteau des Rois, mais bien le gâteau des plus vils Citoyens. Mais ſi je voyois diſputer la queſtion avec décence & ſageſſe, ſi je voyois régner l’eſprit de déſintereſſement particulier, je demanderois, peut-être plus que perſonne, la République, car je ſuis née véritablement avec un caractère républicain ; mais l’eſprit en général du Gouvernement François exige une Monarchie, détruire cet eſprit c’eſt perdre le Royaume & les Citoyens : voilà ce que mes foibles connoiſſances m’ont indiqué plutôt que mon penchant, & je l’ai ſacrifié au bien de ma patrie ; ſi je pouvois la quitter, j’irois vivre en Suiſſe, j’irois vivre dans un climat où l’homme eſt parfaitement égal & et tranquille, mais les liens de la nature me retiennent dans mes foyers, où je ne trouve jamais l’homme tel qu’il doit être, ou tel que vous l’avez dépeint dans les principes de la nouvelle Conſtitution ; cette Conſtitution eſt aujourd’hui ébranlée : quoi ! un ſi précieux travail, ce foyer de lumière devenu le flambeau du monde, s’éteindroit pour allumer les torches de la diſcorde ! non, Meſſieurs, un ſemblable chef-d’œuvre ne doit jamais périr.

A travers ces Partis Républicains & Régentides, celui du deſpotiſme vous tend encore ſes amorces, défiez vous de tous, n’écoutez que la voix de vos conſciences, & montrez par une fermeté inébranlable, à l’Europe attentive, étonnée, que les Repréſentans d’une Nation qui fera éternellement le modèle de tous les peuples, ont ſçu à-la-fois détourner la foudre des Partis deſtructifs, rendre au Monarque ſa Couronne & ſa liberté, & forcer les tyrans, les deſpotes à reconnoître que les vrais ſoutiens de la Patrie ne ſont ni dans leurs flatteurs, ni dans leurs aſſaſſins.

C’eſt avec ces principes, Meſſieurs, qu’une femme oſe s’élever juſqu’à vous, je vous dirai plus, je déſapprouve les projets de vos Comités, il feroit certainement ſalutaire ſi la Conſtitution