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dans la province où j’allois me fixer : j’apprends que le ciel m’a rendu mon fils, qu’il est à Paris, et une destinée qu’en vain je voudrois entraver, me ramène dans les murs de la capitale, où m’attend sans doute une fin digne de ma persévérance et de mes longs travaux.

J’apprends que mon fils est reparti de Paris et que c’est aux membres qui composent la montagne de la convention nationale, qu’il doit un nouveau degré de confiance que son génie militaire lui avoit mérité, mais qu’on pouvoit refuser à sa jeunesse : je sais que passant pour modérée envers eux et penchant fortement pour les principes de la Gironde, ils n’ont pas fait rejaillir sur le fils, l’éloignement qu’ils ont pour la mère. Je devois à leur intégrité cet acte de justice publique, je dis plus, toute ma reconnaissance, et voici comme je vais la leur manifester.

« Mon fils, la fortune du monde entier, l’univers asservi à mes pieds, les poignards de tous les assassins, levés sur ma tête, rien ne pourroit éteindre cet amour civique qui brûle dans mon âme, rien ne pourroit me faire trahir ma conscience. Homme égarés par des passions délirantes, qu’avez-vous fait, et quels maux incalculables n’avez-vous pas amassés sur Paris,