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et de la gaîté, ils mangent très-peu et ruminent incomplètement ; ils portent la tête basse, chancellent sur leurs membres, se heurtent contre les corps qui se trouvent sur leur passage ; ils n’écoutent plus la voix du berger qui les rappelle, ne craignent plus le chien qui veut les ramener au troupeau. Si par hasard, ils sont pris dans quelques broussailles, ils ne peuvent s’en sortir. Le berger a beau les appeler, ils n’écoutent plus sa voix, ils errent çà et là, ont l’air hébété, l’œil hagard, la vue altérée ou abolie ; l’œil devient quelquefois bleuâtre, mais cette couleur se voit à l’état sain, alors que les animaux sont placés dans une bergerie obscure et que leur axe visuel se dirige vers la porte ouverte. Il est facile de se convaincre de ce fait dans toutes les bergeries obscures. Il ne faut donc pas trop se baser sur ce trouble oculaire. Bientôt après, les symptômes s’aggravent ; il survient du vertige ; les animaux tournent soit à droite, soit à gauche ; ils partent en prenant une direction rectiligne, puis tout à coup ils se portent à droite ou à gauche, quelquefois ils décrivent des cercles concentriques pendant des demi-heures, des heures ; les animaux ne conservent plus leurs poses normales ; leurs mouvements sont irréguliers et désordonnés ; il y a des convulsions dans les mâchoires, pirouettement de l’œil dans l’orbite ; la pupille est dilatée comme pour recevoir une plus grande quantité de lumière.

Si l’on considère la maladie à une période plus avancée, on remarque de grands troubles. Les animaux ne mangent plus, ne ruminent plus, sont affectés de paralysies et la mort ne tarde pas à arriver. L’époque de la mort varie ; quelquefois elle survient dix jours après l’invasion ; d’autrefois ce n’est qu’après vingt ou trente jours. Parfois