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VII.— MARCELLE ET MARCELINE


CONTE DANS LE GENRE DE « CENDRILLON », PLUS MODERNE


« Ni vers, ni prose ; point de grands

mots, point de brillans, point de rimes ; un ton naïf m’accomode mieux : en un mot, un récit sans façon et comme on parle. »

Mme D’AULN0Y, l’Adroite Princesse.


Il y avait une fois un gentilhomme qui se remaria avec une femme du plus mauvais cœur qu’il fut possible de voir. Il en eut une fille qui ressemblait à sa mère et toutes deux bientôt tyrannisèrent la maison, car ce gentilhomme les aimait, leur passait toutes leurs volontés. La fille surtout en profitait pour faire mille misères à sa sœur du premier lit, dont l’aînesse lui semblait un vol sur ses droits d’enfant gâté. L’une s’appelait Marcelle et l’autre Marceline. La méchante Marcelle haïssait sa sœur, mais la bonne Marceline le lui rendait bien. Cependant comme son père, par pure bonté d’âme, et pour avoir la paix dans le ménage, prenait toujours le parti de Marcelle, Marceline apprit à souffrir.

Marcelle était jolie comme un bouquet de roses : instruite au sourire par les sourires penchés sur son berceau et sur ses jeux, elle savait rayonner à propos et chacun la tenait pour la plus aimable personne.