Page:Grégoire de Nazianze - Éloge funèbre de Césaire, 1853.djvu/6

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lieux où il était né, tout entier à l’étude des lettres et à la poésie. C’est dans cette retraite qu’il mourut, l’an 390.

Le caractère des poésies de saint Grégoire est la mélancolie, la réflexion, la rêverie. « Sous ce rapport, dit M. Villemain, le génie poétique de saint Grégoire se confond avec son éloquence, et nous fait mieux comprendre ces talents d’une espèce nouvelle, suscités par le christianisme et l’étude des lettres profanes, cette nature à la fois attique et orientale, qui mêlait toutes les grâces, toutes les délicatesses du langage à l’éclat irrégulier de l’imagination, toute la science d’un rhéteur à l’austérité d’un apôtre, et quelquefois le luxe affecté du langage à l’émotion la plus naïve et la plus profonde. Nulle part ce caractère, qui fut si puissant sur les peuples de Grèce et d’Italie, vieillis par le malheur social, mais toujours jeunes d’esprit et de curiosité, nulle part ce charme de la parole, qui semble une mélodie religieuse, n’est porté plus loin que dans les écrits de l’évêque de Sasime. Ses éloges funèbres sont des hymnes ; ses invectives contre Julien ont quelque chose de la malédiction des prophètes. On l’a appelé le théologien de l’Orient ; il faudrait l’appeler aussi le poëte du christianisme oriental. »