Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/53

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l’exploitation, se révolter contre l’état de choses qui les réduit à la misère.

Outre que les individus ne se révoltent pas parce qu’on les y incite du haut d’une tribune ou par la voie d’un morceau de papier, ils savent bien qu’ils sont misérables et exploités — sans même qu’on ait besoin de le leur dire — on ne les convainc pas davantage de la nécessité d’une transformation sociale. Du moins, entendons-nous : tous, en l’état actuel des choses, ayant plus ou moins à souffrir des maux engendrés par sa mauvaise organisation, tous aspirent à quelque chose de mieux. Les malheureux comme les autres.

Mais de ce que les individus protestent contre l’exploitation, parce qu’ils sont exploités, désirant être exploiteurs, cela n’implique pas une transformation sociale, mais un simple déplacement des rôles.

S’ils croient à la légitimité du bénéfice dans les transactions entre individus, croient licite de thésauriser pour vivre de leurs rentes, c’est toujours exploiter ses semblables, et la continuation de l’état actuel.

Pour que s’opère la véritable transformation sociale où ne seront plus possibles l’autorité et l’exploitation, il faut changer les conceptions des individus, et cela n’est possible qu’en leur développant sans cesse les idées telles que nous les comprenons, jusqu’à ce qu’ils se les soient assimilées.


Les révolutions passées ont avorté parce que les travailleurs ignoraient, parce qu’ils ne voyaient