Page:Grave - L’Individu et la société.djvu/14

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toujours écrasé sous le poids formidable des institutions qu’il contribuait à développer et à défendre.

Semblable, en ceci, au magicien de la légende qui devient en butte aux méchancetés du monstre qu’ont animé ses incantations, chaque progrès de l’intelligence humaine, chaque perfectionnement élaboré par les individualités, ont aidé, — à ceux qui s’étaient faits les guides de la collectivité — à resserrer les chaînes qui entravent l’individu, venant ajouter une entrave de plus, à celles qui gênaient déjà son évolution.

Pauvre être social ! voilà des siècles et des siècles qu’il lutte pour le bonheur ; qu’il fait des révolutions pour s’affranchir ; qu’il s’ingénie à transformer les rouages qui le broient ; qu’il poursuit haletant l’émancipation complète de son être qui luit à ses regards comme but suprême de ses efforts. Mais il n’a pas sitôt fait l’expérience de ses nouvelles combinaisons que, pris entre les dents de la machine, il ne s’en arrache qu’en y laissant un peu de sa chair pantelante, un peu de ce que