Page:Grenier - Souvenirs littéraires, 1894.djvu/32

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blouse, sans rien dire, absorbé dans ses pensées. Puis tout à coup, sans interrompre sa promenade, il lançait en passant un mot, une phrase qui résumait ou éclairait la conversation. Par exemple, je causais un soir de Marseille avec Autran. Lamartine nous entendit et, sans s’arrêter, de sa belle voix sonore il nous dit : « Marseille, c’est le quai de la France. » Je lui répondis en citant ses vers, ceux qui terminent cette admirable pièce qu’il adressait à l’Académie de Marseille, la veille de son départ pour l’Orient :

Et toi, Marseille, assise aux portes de la France, etc.

Parmi les plus fidèles visiteurs de ces dernières années, je me rappelle son grand ami Dargaud, Vallette le philosophe, Préault le sculpteur, les peintres Huet et Rudder, Hubert Saladin, le général Caillé et sa charmante femme, Mme Damrémont, la sœur du maréchal Baraguay-d’Hilliers, avec Mme de Chamailles, sa fille, Ronchaud, Émile Ollivier, Laguéronnière, Mme de Peyronnet et ses ravissantes jeunes filles, le ministre protestant Martin Paschoud, M. Chamboran, M. de Mareste, d’autres encore que j’oublie. Nadaud et Vivier venaient aussi parfois égayer cette grandeur déchue et ses rares courtisans.

Le plus fidèle et le plus fréquent était Dargaud. Je l’y ai toujours rencontré. Je suis sûr qu’il écrivait