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Ce n’est pas à dire cependant que le sang ne puisse, dans certains cas, s’opposer à la réunion par première intention et provoquer la suppuration. Quand un caillot trop abondant se trouve interposé aux lèvres d’une plaie qu’on veut faire cicatriser immédiatement, au lieu de s’organiser, il se décompose et empêche la réunion. Mais il faut remarquer que cela n’arrive guère que dans les plaies extérieures, où le caillot s’oppose au contact des bords cutanés, et se met ainsi sous l’influence de l’action de l’air, circonstance des plus nuisibles au travail cicatriciel. La preuve que c’est sous cette influence que le sang ne participe pas à la cicatrisation, c’est ce qui se passe dans les plaies sous-cutanées ainsi que dans les plaies un peu profondes qu’on fait cicatriser par première intention. Quand on opère la réunion de ces plaies, on n’obtient guère que le contact des bords cutanés, tandis que les parties profondes, sur lesquelles les moyens de réunion ne peuvent agir, éprouvent une rétraction et laissent entre elles un espace plus ou moins grand, qui sera évidemment rempli par un caillot sanguin. Or ce caillot, quelquefois assez épais, n’empêchera pas la cicatrisation immédiate d’avoir lieu.

En résumé, nous pouvons dire que le sang extravasé dans les plaies peut s’organiser, c’est-à-dire qu’il peut participer à la formation de la cicatrice, et cela soit par sa fibrine ou par sa propre transformation en tissu ; que, dans les plaies sous-cutanées, le caillot peut être assez abondant sans être nuisible, tandis que dans les plaies extérieures, la guérison ne pourra s’effectuer que si le caillot est peu épais et ne produit un écartement trop prononcé des bords cutanés.

Hunter avait donc bien vu ; seulement il s’exagérait le rôle du sang, auquel il attribuait la guérison. Le sang qui