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laire, si faible soit-elle, qui se réunira à celle de la surface opposée pour constituer le tissu de cicatrice.

Une partie complètement séparée du corps est-elle susceptible de cicatrisation ? — Certains auteurs répondent négativement. Cependant les annales scientifiques rapportent des faits observés qui tendraient à faire admettre l’opinion contraire. Ainsi, Duhamel, conduit, à la suite de ses expériences sur la greffé végétale, à essayer la greffe animale, implantait l’ergot de jeunes coqs sur leur crête, et non seulement il obtenait la réunion, mais l’ergot s’allongeait et prenait des dimensions bien plus considérables que s’il était resté à sa place accoutumée. Hunter répéta ces expériences et obtint le même résultat ; il introduisit, en outre, les testicules d’un jeune coq dans la cavité péritonéale d’une jeune poule et obtint une véritable adhésion : les testicules, au lieu de tomber dans une sorte de décomposition putride, furent pénétrés par des vaisseaux et continuèrent jusqu’à la mort de l’animal à recevoir le sang et la vie. D’un autre côté, combien de faits cliniques ne voit-on pas consignés dans les recueils scientifiques confirmant ces résultats : ce sont des nez, des doigts et autres parties élu corps complètement séparées, et qui se sont parfaitement réunies.

Par contre, il est d’autres expériences qui ont donné des résultats tout à fait opposés. Ainsi Gohier, expérimentant sur un cheval, n’a pu obtenir la réunion en appliquant exactement et immédiatement un lambeau détaché sur le point où il se trouvait ; Richerand ayant coupé le bout du nez à un chien, la partie, quoique appliquée aussitôt après, ne put reprendre et tomba en putréfaction. En outre, dans bien des circonstances, des doigts, des oreilles coupés et réunis immédiatement, en prenant