Page:Guesde - La Commune de 1871.djvu/43

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C’est d’abord l’occupation de plus d’un tiers du territoire par les armées impériales et royales de Sa Majesté Guillaume — occupation qui paralysait les meilleurs citoyens et qui, à Paris même, faisait dire le 15 mars, par de futurs fédérés à celui qui écrit ces lignes, que la lutte, considérée d’ores et déjà par tous comme inévitable, ne s’engagerait pas, en tout cas, avant l’évacuation du territoire. N’eût été la crainte d’un retour offensif des troupes prussiennes, annoncé, qui plus est, à plusieurs reprises par les journaux de l’ordre, toute la vallée du Rhône, au moins, eût sauté comme un baril de poudre.

C’est ensuite l’attitude et le langage de l’extrême gauche de l’Assemblée de Versailles, des Louis Blanc et autres proscrits de la République de 48 et de l’Empire dont le prestige était encore intact, et qui ne cessaient de proclamer avec M. Thiers que la République n’était mise en péril que par les insurgés, et invoquaient à l’appui de leur assertion leur propre présence dans les rangs des bombardeurs de Paris. Que ces misérables — élus pour la plupart par la population parisienne — eussent dit un mot, fait un geste ; qu’ils se fussent — comme c’était leur devoir de mandataire, et comme le leur demandait le Comité central républicain de Lot-et-Garonne — transportés collectivement dans l’ex-capitale, au milieu de leurs électeurs, en appelant à leur aide la démocratie des départements : et la prise d’armes eût été générale d’un bout de la France à l’autre ; l’Assemblée, réduite à sa majorité monarchiste, eût été balayée en moins d’une semaine, presque sans effusion de sang.

Depuis le 4 Septembre enfin, sinon en droit, du moins en fait, par suite surtout du gouvernement central enfermé dans Paris, les communes douées de quelque initiative jouissaient de l’autonomie la plus complète. Là où les travailleurs étaient en majorité, ils s’étaient,