Page:Guesde - La Commune de 1871.djvu/8

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les émigrés de l’extérieur, soutenus par les armées de la coalition, qu’elle terrorisait aux journées de Septembre, en attendant de les écraser sur le champ de bataille par son Bouchotte, le véritable « organisateur de la victoire » ; et pour les Vendéens et autres chouans, qui rentraient sous terre devant son « armée révolutionnaire ».

La grande Commune de Paris, qui a été l’âme, le moteur, la chaudière — si je puis m’exprimer ainsi — de la grande Convention admirée de Berryer lui-même, a été, de l’aveu de M. Thiers, le plus puissant instrument de salut de la Révolution qui a fait de la bourgeoisie la classe possédante, dirigeante et maîtresse d’aujourd’hui. Et, en admettant que ce fut à elle plus qu’aux communes des xiie, xiiie, xive et xve siècles que la Commune du 18 mars eût pris son nom, nos bourgeois-gouvernants de l’heure présente seraient les derniers à pouvoir lui faire « un crime » de ce nom.

Il n’en est d’ailleurs pas ainsi, et s’il s’est rencontré dans les élus du 28 mars 1871 des néo-jacobins et des néo-hébertistes, le plus grand nombre se rattachaient à la commune bourgeoise de l’ancien régime, qui, se présentant dans l’histoire comme l’instrument de l’affranchissement politique du tiers état, leur paraissait pouvoir et devoir devenir l’instrument de l’affranchissement économique du quatrième état ou prolétariat.

De là l’immobilité des bataillons fédérés le lendemain de leur victoire du 18 mars — ce que, parmi les vaincus, on a appelé plus tard « la grande faute du Comité central ». De là la proclamation du 6 avril aux départements, dans laquelle on lisait :

On vous trompe en vous disant que Paris veut gouverner la France et exercer une dictature qui serait la négation de la souveraineté nationale… Paris n’aspire qu’à conquérir ses franchises communales… Si la Commune de Paris est sortie du cercle de ses attributions, c’est à son grand regret, c’est pour répondre à l’état de guerre provoqué par le gou-