Page:Guettée - La Papauté moderne condamnée par le pape Grégoire le Grand.djvu/46

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de Constantinople auraient manqué à leur devoir si, à Rome, ils eussent communiqué avec lui, dans le cas où il aurait pris le titre d’universel. Il suit de là que la communication avec l’évêque de Rome n’est pas une condition nécessaire pour appartenir à l’Église ; que cet évêque peut être lui-même en dehors de l’Église ; qu’il lui suffit, pour être en dehors de l’Église, de prendre le titre d’universel.

De là une question fort grave : l’évêque de Rome appartient-il à l’Église si, non content du vain titre d’universel, il prétend avoir l’autorité universelle, qui est le titre mis en pratique ? Celui qui usurpe cette autorité n’usurpe-t-il pas plus que celui qui s’empare simplement d’un mot qui n’en est que le signe ?

Nous laissons au lecteur le soin de tirer toutes les conséquences qui découlent des principes de saint Grégoire sur ce dernier point, et nous le prierons seulement de remarquer ce grave enseignement du grand pape en ce qui touche à la communion avec l’évêque de Rome. Il est évident qu’à ses yeux on peut appartenir à l’Église sans être en communion avec lui. L’enseignement de saint Grégoire est formel sur ce point.



XI



Anastase le Jeune, ou le Sinaïte, ayant succédé à Anastase le Grand, sur le siége patriarchal d’Antioche, en 599, envoya à Grégoire, comme aux autres principaux évêques, sa lettre synodale ou de communion. Grégoire, dans sa réponse, exposa les conditions nécessaires pour appartenir à l’Église. Voici comment il s’exprime[1] :

« J’ai reçu les lettres de Votre Fraternité, dans lesquelles vous professez la vraie foi ; j’ai rendu grâce au Dieu tout-

  1. Lettres de saint Grégoire, liv. IX ; lettre 49e, édit. bénéd.