Page:Guettée - La Papauté moderne condamnée par le pape Grégoire le Grand.djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Dans une autre lettre, où il l’entretenait de la simonie, Grégoire écrivait à Euloge : « Arrachez cette hérésie simoniaque de votre très saint siége qui est aussi le nôtre. » Il appelle l’Église d’Alexandrie, une Église très sainte[1].

Peut-on, en présence de pareils témoignages, tirer quelque conclusion favorable au siége de Rome, des expressions de siége apostolique ou de saint siége, employées pour le désigner ? Ces qualifications étaient communes, pendant les huit premiers siècles, à toutes les Églises fondées par les apôtres, et jamais on ne les employait exclusivement pour désigner le siége de Rome.



XII



D’après ce que nous avons exposé sur la doctrine de saint Grégoire touchant la chaire de saint Pierre, on comprend sans peine qu’on ne peut pas donner, de bonne foi, un sens absolu à des expressions comme celles-ci : « Mon fils, le seigneur Venantius est venu vers le bienheureux apôtre Pierre pour me prier de vous recommander sa cause, etc.[2] » Le soin de toute l’Église a été confié à Pierre, prince des apôtres[3]. Il a reçu les clefs du Royaume céleste ; le pouvoir de lier et de délier lui a été donné ; le soin de toute l’Église et le principat lui ont été confiés[4]. — Qui ne sait que la sainte Église a été affermie par la solidité du prince des apôtres[5] ?

Ces expressions appartiennent bien à saint Grégoire ; mais doit-on les citer isolément et leur donner un sens absolu ? C’est le procédé que les ultramontains ont appliqué

  1. Lettres de saint Grégoire, liv. XIII, lettres 41e, 42e.
  2. Ibid., liv. II, lettre 53e.
  3. Ibid., liv. V, lettre 20e.
  4. Ibid.
  5. Ibid., liv. VII, lettre 40e.