Page:Guiraud - De la vaccine.djvu/10

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en outre, et c’est là l’important de sa découverte, c’est que tous ceux qui présentaient ces pustules, étaient préservés pour toujours des atteintes de la petite vérole.

Dans le but de vérifier son observation, Jenner inocula plus tard la vaccine à plusieurs individus ; il les soumit ensuite à la contagion variolique, et alla même jusqu’à les inoculer avec du virus de la variole ; mais ni la contagion, ni l’inoculation n’eurent prise sur eux. Les propriétés du cow-pox n’étaient plus douteuses et Jenner venait de passer à l’immortalité.

Comme toutes les découvertes, la sienne fut accueillie par des acclamations enthousiastes. On y croyait à peine, et néanmoins on proclamait déjà ses bienfaits ; au reste, méritait-elle une réception moins chaleureuse ? N’annonçait-elle pas au monde savant une phase révolutionnaire de l’histoire de la vaccine ? Ne venait-elle pas donner des bornes à la variole, au fléau dévastateur des populations ? L’espérance qu’elle faisait concevoir ne valait-elle pas le crédit qu’on lui accordait ? La foi s’acquiert à l’égard de choses moins importantes, moins dignes d’intérêt : le malade, à son lit de mort, espère toujours le retour de la santé ; le jeune adolescent se croit déjà en possession des joujoux qu’on lui promet ; et cette croyance, cet espoir reposent-ils sur des bases solides ? Assurément non. Mais la voix de l’intérêt a parlé, et le malade et l’enfant ont montré le côté faible de leur nature.

La foi qu’on avait vis-à-vis de l’observation de Jenner reposait-elle aussi sur des faits bien établis ? Ne devait-elle pas être un peu incertaine, chancelante ? Qu’était l’auteur de cette