Page:Gustave Flaubert - Œuvres de jeunesse, I.djvu/412

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nie, l’injustice, l’avarice, la cupidité ne vous repoussent avec égoïsme ; partout, vous dis-je, vous trouverez des hommes qui vous diront : Retire-toi de devant mon soleil ; retire-toi, tu marches sur le sable que j’ai étalé sur la terre ; retire-toi, tu marches sur mon bien ; retire-toi, tu aspires l’air qui m’appartient. Oh ! oui, l’homme est un voyageur qui a soif ; il demande de l’eau pour boire, on la lui refuse, et il meurt.

XI

Oui, la tyrannie pèse sur les peuples et je sens qu’il est beau de les en affranchir ; je sens mon cœur se soulever d’aise au mot liberté, comme celui d’un enfant bat de terreur au mot fantôme, et ni l’un ni l’autre ne sont vrais. Encore une illusion détruite, encore une fleur fanée.

XII

Bien des gens sans doute essaieront de la conquérir, cette belle liberté, fille de leurs rêves, idole des peuples ; beaucoup tenteront, et ils succomberont sous le poids de leur fardeau.

XIII

Jadis il y avait un voyageur qui marchait dans les grands déserts d’Afrique ; il osa s’avancer par un chemin qui abrégeait sa route de quinze milles, mais qui était dangereux, rempli de serpents, de bêtes féroces et de rochers difficiles à franchir.

Et il se faisait tard, il avait faim, il était fatigué, malade, et il pressait le pas pour arriver plus tôt ; mais à chaque pas il rencontrait des obstacles ; pourtant il était courageux et marchait la tête haute.