Page:Gustave Flaubert - Œuvres de jeunesse, III.djvu/346

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Jenner.

Des destins rigoureux terrible est le pouvoir !

Ismène.

Grands dieux ! c’en est donc fait ?

Jenner.

Grands dieux ! c’en est donc fait ? Conservons un espoir.
Peut-étre que le ciel, éclairant ma pensée,
Loin des sentiers connus de la route tracée,
Va m’offrir en ce jour, quelque moyen nouveau
D’arrêter ce guerrier sur le bord du tombeau.

Ismène.

O mortel généreux, dont la sollicitude
Du salut des humains fait son unique étude !

Jenner.

Ah ! c’est trop me louer, Ismène. En ce Palais
Je me sens retenu pas de plus doux attraits,
Et malgré mes terreurs une amorce secrète
Me fait de ce lieu sombre une aimable retraite.
À peine suis-je loin de son seuil adoré
Que de regrets amers je me sens dévoré,
Et j’y suis rappelé par le charmant visage
Qui dans mon faible cœur fait un si doux ravage ;
Au sein de mes travaux son souvenir me suit,
Dans mes pensers le jour, dans mes rêves la nuit ;
Mais la cruelle Hermance…

Ismène.

Mais la cruelle Hermance…Eh quoi ! seigneur, c’est elle
Pour qui vous nourrissez cette flamme fidèle ?
Hermance a su charmer vos yeux ?

Jenner, revenant à lui.

Hermance a su charmer vos yeux ? Qui te l’a dit ?