Page:Gustave Flaubert - Œuvres de jeunesse, III.djvu/80

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tombe, les cloches vous poussent aux mains, l’ennui arrive à son tour, avec le dégoût et la fatigue ; sans l’entêtement, le parti pris, la vanité, on en resterait là ou bien on descendrait sur le bord pour se rafraîchir dans un cabaret et faire un somme ! Heureux ceux qui, revenant le soir, couchés au fond de la chaloupe, chantent à pleine poitrine et trouvent la nuit belle !

Or Henry, qui était dans un moment de calme, à regarder de quel côté soufflerait le vent, irrésolu et un peu ennuyé, ne demanda pas mieux que de participer à toutes les joies exposées dans la lettre de son ami. Comme il était jeune, et encore facile à l’émotion, je dois avouer qu’il les comprit et qu’il s’associa à son enthousiasme.

Néanmoins, en relisant le portrait de Lucinde, il la compara à Mme Renaud, qu’il trouva plus belle… car il préférait les brunes, étant né avec ce goût-là.

XIII

À quelque temps de là, Mme Renaud donna un bal, raout ou soirée dansante, comme vous voudrez l’appeler. Il y eut d’invités, d’abord, tous les hôtes de la maison, cela va sans dire, puis M. et Mme Dubois, à la grande satisfaction de Mendès ; Mlle Aglaé, à la grande joie d’Alvarès ; M. et Mme Lenoir, leurs enfants, leurs parents, leurs cousins ; le jeune Ternande, l’ami Morel, et encore quantité de bourgeois et de bourgeoises, qui contribuèrent plus ou moins à l’embellissement de la soirée et à la consommation des rafraîchissements.

Le coiffeur — que je préfère écrire coëffeur, trouvant que, de cette sorte, ce nom-là sent bien plus la poudre à poudrer, l’odeur de l’iris et les galantes médisances du temps des pastels et des marquises, —