Page:Gustave Flaubert - La Tentation de Saint-Antoine.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Pendant qu’elle parlait, ses compagnes ont pris le mort pour le descendre au sépulcre. Il leur reste dans les mains. Ce n’était qu’un cadavre de cire.
Antoine en éprouve comme un soulagement.
Tout s’évanouit ; — et la cabane, les rochers, la croix sont reparus.
Cependant il distingue de l’autre côté du Nil, une Femme — debout au milieu du désert.
Elle garde dans sa main le bas d’un long voile noir qui lui cache la figure, tout en portant sur le bras gauche un petit enfant qu’elle allaite. À son côté, un grand singe est accroupi sur le sable.
Elle lève la tête vers le ciel ; — et malgré la distance on entend sa voix.
isis.

Ô Neith, commencement des choses ! Ammon, seigneur de l’éternité, Ptha, démiurge, Thoth son intelligence, dieux de l’Amenthi, triades particulières des Nomes, éperviers dans l’azur, sphinx au bord des temples, ibis debout entre les cornes des bœufs, planètes, constellations, rivages, murmures du vent, reflets de la lumière, apprenez-moi où se trouve Osiris !

Je l’ai cherché par tous les canaux et tous les lacs, — plus loin encore, jusqu’à Byblos la Phénicienne. Anubis, les oreilles droites, bondissait autour de moi, jappant, et fouillant de son museau les touffes des tamarins. Merci, bon Cynocéphale, merci !

Elle donne au singe, amicalement, deux ou trois petites claques sur la tête.

Le hideux Typhon au poil roux l’avait tué, mis en pièces ! Nous avons retrouvé tous ses