Page:Gustave Flaubert - La Tentation de Saint-Antoine.djvu/191

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le sphinx.

C’est toi, caprice indomptable, qui passe et tourbillonne !

la chimère.

Est-ce ma faute ? Comment ? laisse-moi !

Elle aboie.
le sphinx.

Tu remues, tu m’échappes !

Il grogne.
la chimère.

Essayons ! — tu m’écrases !

le sphinx.

Non ! impossible !

Et en s’enfonçant peu à peu, il disparaît dans le sable, tandis que la Chimère, qui rampe la langue tirée, s’éloigne en décrivant des cercles.
L’haleine de sa bouche a produit un brouillard.
Dans cette brume, Antoine aperçoit des enroulements de nuages, des courbes indécises.
Enfin, il distingue comme des apparences de corps humains ;
Et d’abord s’avance
le groupe des astomi
pareils à des bulles d’air que traverse le soleil.

Ne souffle pas trop fort ! Les gouttes de pluie nous meurtrissent. Les sons faux nous écorchent, les ténèbres nous aveuglent. Composés de brises