Page:Gustave Flaubert - La Tentation de Saint-Antoine.djvu/316

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les circoncellions

Tue-toi ! tue-toi !

Les Hérésies et les Péchés entourent saint Antoine : la Luxure lui frôle sa robe contre les jambes, l’Envie lui souffle dans les cheveux, la Colère bruit à son oreille, la Gourmandise lui pince le ventre, Maximilla et Priscilla pleurent, Ennoïa se met à chanter, Apollonius a repris son bâton blanc des mains de Damis et trace dans l’air des cercles de feu ; les Adamites, au fond de la scène, dansent en rond, les Gnostiques, des deux côtés, ouvrent leurs livres, la Fausse Prophétesse, à l’horizon, se balance sur sa bête.
antoine
éperdu.

C’est fini, je meurs, je suis perdu !

Il tombe à genoux.

Oh ! grand Dieu ! au secours ! au secours ! raffermis ma foi ; donne-moi l’espérance, redouble ta colère, s’il te plaît, mais pitié ! pitié !

À ce moment trois blanches figures apparaissent sur le seuil de la chapelle, la Foi, l’Espérance et la Charité :
la foi.

Crois !

l’espérance.

Espère !

la charité.

Souffre !

antoine.

Je vais à vous, aidez-moi, protégez-moi, sauvez-moi !

la foi.

Crois toujours !

l’espérance.

Espère encore !

la charité.

Souffre avec patience !

Antoine se débat dans la foule qui l’assiège.