Page:Gustave Flaubert - La Tentation de Saint-Antoine.djvu/331

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des pensées me sont venues, j’ai entendu des voix, et des choses hideuses me remuaient le cœur ; j’ai conversé avec moi.

la foi.

Converse avec Dieu seul et tu n’entendras plus les voix de la terre.

antoine.

Je ne sais d’où elles partaient.

la charité.

Emplis ton cœur de mon amour, car le cœur sans lui est comme un navire sans lest, que la moindre brise retourne et fait sombrer.

antoine.

Je me débattais pourtant, je luttais de toutes mes forces.

la foi.

Que sont tes forces ? qui donc est fort si ce n’est Dieu ?

l’espérance.

Celui qui met sa confiance en soi-même est comme cet autre qui pense : je ferai cela demain. Que sait-il s’il verra demain ? qui te dit que la vertu ne mourra pas ce soir ?

antoine.

J’implorais Dieu dans ma détresse, je tâchais de me rapprocher de lui.

la foi.

Ce n’est pas dans la détresse qu’il faut implorer Dieu.

la charité.

Il faut l’aimer et trouver dans tout ce qu’il nous envoie sujet de le bénir.

la foi.

Tous les maux sont légers si tu songes qu’il les commande et qu’il a ordonné que tu les éprouves.