Son temple est bâti sur le gouffre par où se sont précipitées les eaux du déluge qui finissait ; il y a des portes d’or, un plafond d’or, des lambris d’or, des statues d’or ; Apollon y est, Mercure, Ilythia, Atlas, Hélène, Hécube, Pâris, Achille et Alexandre ; des ours apprivoisés, des aigles, des chevaux et des colombes marchent ensemble dans son enceinte, sur les dalles de sa cour humides de la pluie du jet d’eau, qui s’élance jusqu’au toit, par des tuyaux d’argent. À son grand arbre qui brûle, on accroche des brebis toutes vivantes, des vases de toute espèce, des tuniques et des coffrets ; on précipite du haut de son vestibule des taureaux blancs, et c’est pour elle qu’est dressé tout droit le phallus de cent vingt coudées où l’on grimpe avec des cordes, comme au tronc d’un palmier quand on va cueillir les dattes. Sept jours et sept nuits il faut s’y tenir debout, sans jamais dormir.
Frappez du tambourin ! sonnez des cymbales claires ! soufflez à pleine poitrine dans les flûtes à larges trous !
Elle aime les parfums de l’Arabie, le poivre noir que l’on va chercher dans les déserts ; elle aime la fleur de l’amandier, la grenade et les figues vertes, les bracelets d’ivoire, les lèvres rouges et les regards lascifs ; il lui faut les beuglements prolongés, et, dans les villes pleines de flambeaux, les orgies retentissantes ; elle aime la sève sucrée, la larme salée, le sperme gras ! Du sang ! À toi ! à toi ! Mère des montagnes !