Page:Gustave Flaubert - La Tentation de Saint-Antoine.djvu/501

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la voix.

… plus suave qu’un baiser, mélancolique comme un soupir…

antoine.

Marie ! Marie !

la voix.

Regarde ses cils fins qui s’abaissent, ses mains blanches comme des cierges, — et les yeux roulent, les lèvres frémissent…

Un coup de vent arrache l’image de la sainte Vierge, qui surgit grande comme nature.
antoine.

Oh ! oh ! elle se développe !… Qu’ai-je donc ?…

la voix.

Rien ! c’est une femme !

antoine
se frappant le front.

Quelle idée !

la voix.

Regarde !

antoine.

Mais la voilà qui renverse sa tête, qui tord ses reins !

la voix.

Et les cheveux s’envolent ! Ah ! les longs cheveux ! les cheveux d’or, hume-les, baise-les !

antoine.

Assez ! assez ! De par le Seigneur, va-t’en, vision de l’enfer !

Tout disparaît, — le cochon gémit, — Antoine regarde au loin d’un air mélancolique.