ni la musique qui les enivre… Sans croire à l’oracle, elles ont penché leur oreille au bord des gouffres de la Thessalie, et ont acheté à des mages les plaques de métal qui se portent sur le ventre ; — elles se refusent à leurs époux, elles rient maintenant aux sacrifices, elles sont fatigues de tous les dieux, mais elles voudraient savoir pourquoi la Madeleine suivait le Christ par les chemins, et les plus naïves, n’est-ce pas ? te demandent si, pour plaire au Crucifié, il suffit de chérir son serviteur ?…
Ô mon Dieu ! est-ce ma faute ? Elles venaient, je les recevais, et il fallait bien ranimer les pécheresses, rassurer les chrétiennes, convertir les idolâtres.
Oh ! que ne pouvais-tu suivre l’idolâtre dans l’atrium, et t’agenouiller avec la chrétienne, sur les dalles fraîches des basiliques ; — mais c’est la pécheresse, Antoine, qu’il eût fallu ne pas quitter ! Peu à peu, tu l’eusses déshabituée des hommes, tu aurais ôté de son front les bandelettes de pourpre, arraché de sa poitrine le collier plein d’orgueil, retiré de ses doigts les camées lourds.
Qu’elle prie ! qu’elle pleure ! qu’elle jeûne ! un cilice ! des épines !
Elle essaie, elle s’enferme. La voilà seule et déshabillée, elle dénoue sa chaussure, l’urne suspendue balance des ombres sur la blancheur de son flanc nu. Mais elle n’ose encore, elle frémit, elle prend la chaînette à pointes recourbées, le sang part, ses yeux pâlissent, elle tombe, elle se pâme…