Page:Hardy - Deux yeux bleus, trad. Paul-Margueritte, 1913.djvu/10

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cela ! Un homme d’affaire, fatigué et affamé, ne songera guère à lier conversation ni à se montrer galant. Il désire manger et dormir, cet homme. Vous n’avez qu’à y veiller, puisque je ne puis le faire. Il n’y a rien là de bien terrible, il me semble ? Dieu sait ce que vous allez vous fourrer dans la tête avec tous vos satanés romans !

— Oh ! non, il n’y a rien là de terrible, puisque c’est un cas de force majeure. Seulement, vous êtes toujours présent lorsqu’il y a des gens à dîner. Et cet étranger, cet homme de Londres, trouvera peut-être votre absence bizarre.

— Et puis, après ?

— Est-ce l’associé de M. Hewby ?

— Je ne crois pas. Mais cela se peut.

— Quel âge a-t-il, je me le demande ?

— Je ne puis vous le dire. Vous trouverez copie de ma lettre à M. Hewby et sa réponse sur la table de mon cabinet de travail. Lisez-les, vous en saurez autant que moi.

— Je les ai lues.

— Pourquoi me questionner, alors ? Je n’en sais pas plus. Aïe! Aïe! Petite misérable, ne mettez rien sur mon pied ! Je ne puis supporter le poids d’une mouche.

— Oh! Pardon, papa. Je craignais que vous n’eussiez froid.

Et elle débarrassa le patient de la couverture qu’elle venait de jeter sur ses pieds. Elle attendit que le regard de mauvaise humeur eût disparu du visage de son père et quitta la chambre.