Page:Hardy - Jude l’Obscur.djvu/6

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vrai dire, les élèves réguliers se trouvaient fort loin en ce moment, comme certains disciples historiques, et ne manifestaient aucun enthousiaste désir de se rendre utiles.

Le jeune garçon gauchement ouvrit le livre qu’il tenait à la main, et que lui avait donné en souvenir M. Phillotson. Il convint qu’il avait du chagrin.

— Moi aussi, dit M. Phillotson.

— Pourquoi partez-vous, monsieur ? demanda l’enfant.

— Ah ! ce serait une longue histoire… Vous ne pourriez pas comprendre mes raisons, Jude. Vous le pourrez, peut-être, quand vous serez plus âgé !

— Je crois que je comprendrais maintenant, monsieur.

— Bon, mais ne parlez de cela nulle part. Vous savez ce que c’est qu’une université et un grade universitaire. C’est le contrôle nécessaire à tout homme qui veut réussir dans l’enseignement. Mon projet ou mon rêve est de prendre mes grades, et alors d’entrer dans les ordres. En allant habiter Christminster, je serai, pour ainsi dire, au quartier général, et si mon projet est réalisable, mon séjour là-bas m’apportera des chances d’avancement plus sérieuses que partout ailleurs.

Le forgeron et son compagnon revinrent. Le hangar de la vieille miss Fawley était sec et tout à fait ce qu’il fallait, et elle paraissait disposée à y donner asile à l’instrument. On convint de le laisser dans l’école jusqu’au soir, où il y aurait plus de bras disponibles pour le transport. Le maitre d’école jeta un dernier regard autour de lui.

Jude assista au chargement de quelques petits