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vons dans sa lettre du 21 octobre 1656 une peinture assez plaisante de ses tribulations.


Agréable Princesse nôtre,
Moi qui suis le serviteur vôtre,
Et, de plus, votre historien,
Certes ne sachant presque rien
Pour débiter à Votre Altesse,
J’ai violenté ma paresse
Et tournoyé par tout Paris,
Sans avoir nulle chose appris.
J’ai parcouru les Nouvellistes,
Les hâbleurs, les méchants copistes ;
Mais leurs contes sont si douteux
Que je n’ai rien emprunté d’eux.
J’ai visité quelques notables,
J’ai fréquenté de bonnes tables,
Moins pour le plaisir du gustus
Que pour celui de l’auditus ;
J’ai même été dans les ruelles
Pour ramasser plus de nouvelles ;
Mais des drôles, tant là qu’ailleurs,
M’ont dit, avec des tons railleurs :
Charles de Bourbon a pris Rome ;
Monsieur Bayard fut un brave homme ;
Pepin le Bref fut un ragot ;
Défunt Gustave un grand roi got ;
La reine Marguerite est morte.
Moi j’ai dit : Diantre vous emporte,
Vous et vos contes surannés !
Eux, me faisant un pied de nez,
M’ont répondu, les bons apôtres :
Pardy, nous n’en savons point d’autres.
Or, ces fadaises n’ayant pas
Pour les lecteurs de grands appas,