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— L’or n’est pas tout dans ce monde ; j’ai perdu le principal objet de tous mes vœux, répondit Midas.

— Ah ! ah ! c’est une découverte que tu as faite depuis hier ? Eh bien ! voyons. Laquelle de ces deux choses estimes-tu davantage : le don du toucher d’or, ou une tasse d’eau limpide et fraîche ?

— Oh ! de l’eau, c’est une bénédiction ! s’écria Midas ; mais l’eau ne rafraîchira plus mon gosier desséché !

— Le toucher d’or, poursuivit l’étranger, ou une croûte de pain sec ?

— Un morceau de pain vaut plus que tout l’or de la terre !

— Le toucher d’or, ou la petite Marie pleine de vie, de grâce, d’amour, comme elle était il y a une heure ?

— Oh ! mon enfant, ma chère enfant ! cria le pauvre roi en se tordant encore les mains. Je n’aurais jamais donné la simple petite fossette de son menton pour le pouvoir de fondre le globe entier en un bloc massif de cette précieuse matière.

— Tu es plus sage que tu ne l’étais hier, dit l’inconnu en regardant sérieusement le roi Midas. Ton cœur, je m’en aperçois, n’a pas été complètement réduit à l’état de lingot. S’il en eût été ainsi, la situation était en vérité désespérée. Mais tu parais encore susceptible de comprendre que les