Page:Henri Grégoire.- De la traite et de l'esclavage des noirs et des blancs, 1815.djvu/16

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tellectuelles aussi énergiques, aussi étendues que celles des Blancs.

On pourroit leur répondre que les talens ne sont pas la mesure des droits : aux yeux de la loi, le domestique de Newton étoit l’égal de son maître. Mais, pour établir la supériorité des Blancs, quels sont les moyens de comparaison ? Dans une brochure nouvelle, sur l’Esclavage colonial, on lit textuellement que le Noir n’est susceptible d’aucune vertu[1]. Cette assertion n’est-elle pas un blasphême contre la nature et son auteur ? Vice et vertu sont des termes corrélatifs : à un être insusceptible de moralité, pourroit-on reprocher une perversité qui seroit le résultat inévitable de sa nature ? Des circonstances accidentelles et des causes locales ont empêché ou arrêté en Afrique la marche de la civilisation ; mais quand les Africains en ont partagé les avantages, sont-ils restés inférieurs aux Blancs en talens et en vertus ? Les preuves

  1. Voyez Mémoires sur l’Esclavage colonial, par M. l’abbé Dillon. 8o., Paris, 1814, pag. 8.