Page:Histoire de l'Académie Royale des Sciences et des Belles Lettres (1746).djvu/309

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raisons pour désesperer d’en rien connoître, ni des excuses pour se dispenser de toute recherche.

Dès que la vraie manière de philosopher fut introduite, on ne se contenta plus de ces vaines disputes sur la nature du Mouvement : on voulut savoir selon quelles loix il se distribue, se conserve, & se détruit : on sentit que ces loix étoient le fondement de toute la Philosophie Naturelle.

Le grand Descartes, le plus audacieux des Philosophes, chercha ces loix, & se trompa. Mais comme si les tems avoient enfin conduit cette matière à une espece de maturité, l’on vit tout à coup paroître de toutes parts, ces loix inconnues pendant tant de siecles. Huygens, Wallis & Wren les trouverent en même tems. Plusieurs Mathématiciens après eux, qui les ont cherchées par des routes différentes, les ont confirmées.

Cependant tous les Mathématiciens étant aujourdhui d’accord dans le cas le plus compliqué, ne s’accordent pas dans le cas le plus simple. Tous conviennent des mêmes distributions de Mouvement dans le Choc des Corps élastiques ; mais ils en assignent de differentes pour les Corps durs : & quelques uns prétendent qu’on ne sauroit déterminer les distributions de Mouvement dans le Choc de ces Corps. Les embarras qu’ils y ont trouvés, leur ont fait prendre le parti de nier l’existence & même la possibilité des Corps durs. Ils prétendent que les Corps qu’on prend pour tels, ne sont que des Corps élastiques, dont la roideur rend la flexion de leurs parties & leur redressement, imperceptibles.

On allegue des expériences qu’on a faites sur des Corps qu’on appelle vulgairement durs, qui prouvent que ces corps ne sont qu’élastiques. Lorsque deux Globes d’yvoire, d’acier, ou de verre, se choquent ; quoiqu’après le Choc on leur retrouve leur premiere figure, ils ne l’ont peut-être pas toujours conservée. On s’en assûre par les yeux, si l’on