Page:Histoire de l'Académie Royale des Sciences et des Belles Lettres (1746).djvu/311

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Plus on examine l’Elasticité, plus il paroît que cette propriété ne dépend que d’une structure particulière des Corps, qui laisse entre leurs parties des intervalles dans lesquels elles peuvent se plier.

Il semble donc, qu’on seroit mieux fondé à soûtenir que tous les Corps primitifs sont durs, qu’on ne l’est à prétendre qu’il n’y a point de Corps durs dans la Nature. Cependant je ne sai si la maniere dont nous connoissons les Corps, nous permet ni l’une ni l’autre assertion. Si l’on veut l’avouer, on conviendra que la plus forte raison qu’on ait euë pour n’admettre que des Corps élastiques, ç’a été l’impuissance où l’on étoit de trouver les loix de la communication du Mouvement des Corps durs.

Descartes admit ces Corps, & crut avoir trouvé les loix de leur Mouvement. Il étoit parti d’un principe assez vrai-semblable ; Que la quantité de Mouvement se conservoit toûjours la même dans la Nature. Il en déduisit des loix fausses ; parce que le principe n’est pas vrai.

Les Philosophes qui sont venus après lui, ont été frappés d’une autre conservation : C’est celle de ce qu’ils appellent la Force vive, qui est le produit de chaque masse par le quarré de sa vîtesse. Ceux ci n’ont pas fondé leurs loix du Mouvement sur cette conservation ; ils ont déduit cette conservation, des loix du Mouvement dont ils ont vû qu’elle étoit une suite. Cependant, comme la conservation de la Force vive n’avoit lieu que dans le choc des Corps élastiques, on s’est confirmé dans l’opinion qu’il n’y avoit point d’autres Corps que ceux-là dans la Nature.

La conservation du Mouvement n’est vraie que dans certains cas. La conservation de la Force vive n’a lieu que pour certains corps. Ni l’une ni l’autre ne peut passer pour un principe universel, ni pour un résultat general des loix du Mouvement.

Si l’on examine les principes, sur lesquels se sont fondés quelques Auteurs qui nous ont donné ces loix, & les routes qu’ils ont suivies,